Notre part des ténèbres ° ° °

Publié le par MetlFixxxer

    

     Tout d'abord, bonne année. Bonne santé, etc. A l'heure actuelle je trouve ça un peu bête de souhaiter la bonne santé à tout le monde, avec les progrès de la médecine, il n'y a vraiment plus que les maladies vraiment graves contre lesquelles on ne sait rien faire, et encore, "ça n'arrive qu'aux autres". Souvent, on rajoute "et plein de bonheur" à cette formule consacrée. Ou alors "et un beau bulletin, hein!" pour encourager son petit-fils ou sa petite fille, comme si ils n'avaient pas droit à "plein de bonheur" ou "plein de bonnes choses". Ah mais j'avais oublié, suis-je bête, les enfants n'ont pas besoin de cela, ils vivent (souvent) constamment dans le bonheur, ou du moins dans un bonheur artificiel, car ils ne sont pas encore assez matures pour comprendre les tenants et les aboutissants de la Grande Masquarade que l'on appelle aussi Vie, celle qui implique des relations avec les autres acteurs. Relations ô combien difficiles, vous en conviendrez, tellement que parfois j'ai envie de baisser les bras, de simplement dire que je m'en fiche et que je veux qu'on me laisse tranquille. Probablement l'égoïsme primitif qui remonte à la surface, car l'être humain est à la fois altruiste et égoïste, paradoxalement. Parfois, j'ai l'impression de jouer un rôle, que je porte un masque sur lequel il y a un grand sourire jusqu'aux oreilles mais qu'en dessous, et surtout sans que je le sache, se cache un visage neutre, sans expression. Et il arrive que mon masque se détache parfois, mais je ne m'en rends pas toujours compte, ou alors je le rattache très vite, presque inconsciemment. Aujourd'hui mon masque est tombé, mais je vais vite le ramasser, je ne suis pas du genre à baisser les bras. Souvent, s'il tombe, c'est pour une bonne raison, pour mieux le remettre. Alors autant être optimiste et se dire que rien n'est inutile et qu'on peut tirer profit de toute chose.

     Je sais, j'avais dit que je ne parlerais pas de moi, et il serait facile de croire que je me suis trahi, mais ce n'est pas vraiment le cas: je suis certain que tout le monde participe comme moi à cette Grande Masquarade. Je suis sûr que vous vous retrouverez tous d'une manière ou d'une autre dans cette métaphore facile. Excusez donc cet abus de "je" et de pronoms à la première personne du singulier, mais ils peuvent tout autant être remplacés par des "nous", des "vous" et des "ils". Les "ils" sont très faciles à utiliser, car ils sont absents et ont toujours tort. Trop facile. Les "vous"... trop accusateurs, mais au moins ils sont francs. Je préfère largement les "nous", plus communicatifs. Vous pouvez essayer de substituer les "je", ça marche. N'oubliez pas de conjuger, sinon ça marche tout de suite moins bien et vous aurez l'air con. Bon, continuons avec le "nous" alors, vu que la communication semble établie. Ou avec le "on", plus impersonnel mais aussi efficace, quoiqu'en disent les mauvaises langues.

     Ce fut relativement facile, finalement. Je veux dire, d'établir la communication entre nous. En général, c'est moins aisé, et surtout plus dur à entretenir. Il est facile et tentant de laisser tomber, mais c'est choisir le chemin le plus lâche. Mais que faire quand on a l'impression de ne pas avoir le courage? Que faire lorsque l'on doute même de ses propres capacités, lorsque l'on en arrive à un point où l'on ne parvient plus à faire la différence entre ce qui nous semble bien et ce qui nous semble mal? Tout ça est tellement subjectif, l'un peut être l'autre selon les personnes, c'est d'ailleurs ce qui est à la source de tous les conflits. Il est possible de se remettre en question, mais souvent le résultat est encore pire, on se retrouve avec plein de questions encore plus difficiles à solutionner. Qu'il est parfois dur de se retrouver confronté à ses pensées, à ses doutes, à ses peurs, à ses angoisses... surtout quand on n'a plus aucun repère en termes de "bien" ou de "mal", quand on en arrive au point où on se remet en question au moindre problème. Le retour sur soi est une arme à double tranchant.

     La culpabilité est une chose bien pourrie aussi : quand elle pointe son nez en nous on la repousse, mais on attend toujours qu'elle vienne des autres, je veux dire que les autres n'arrivent pas à la repousser. Si on suit cette logique illogique, on en arrive à des bras de fer interminables. Il faut alors lui laisser sa place. La culpabilité ne doit pas nous envahir, mais elle a sa place en nous, le plus dur est de lui en faire, de ranger notre fierté dans un coin (mais pas trop loin, on en a quand même besoin) et d'accepter cette part de mal qu'il y a en nous, notre "part des ténèbres" (cf Stephen King). Pour la suite, il n'y a qu'à espérer que ce processus soit réciproque. Mais le vrai problème... c'est de définir précisément notre culpabilité, ce qui se révèle souvent ardu, surtout lorsque la limite entre le bien et le mal est floue.

 

    (peinture de S.Magloire)

     Soit, je me perds dans mes mots autant que dans mes pensées. Je ferai en sorte que le prochain épisode soit moins chiant, promis. D'ici là, encore une bonne année, profitez-en pour prendre de bonnes résolutions que vous savez pertinemment que vous ne tiendrez jamais, c'est bon pour la conscience, et c'est l'occasion de sortir l'une ou l'autre bonne blague. (Aucun rapport, je sais, mais je dédramatise ^^)

Publié dans Cogito ergo sum

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